La Main de Maupassant: une nouvelle fantastique
Helena Brian Quérè
Estudiante en Maestría Académica en Literatura Francesa
Universidad de Costa Rica, sede Rodrigo Facio
Résumé
L´œuvre choisie c´est La Main de Maupassant, une nouvelle fantastique, qui paraît en 1883 dans la revue Le Gaulois du 23 décembre 1883 puis dans le recueil Contes du jour et de la nuit en 1885. Le narrateur est juge d´instruction dans une petite ville et raconte des faits qu´il a lui-même vécus. Maupassant se caractérise par l´utilisation du réalisme lors des descriptions et le choix de thèmes qui ont un rapport avec la vie quotidienne. De plus, un certain pessimisme marque ses écrits, développant souvent des thèmes de la folie, de la mort comme dans La Main (1885). Puis, Maupassant a recours au fantastique. Il est l´un des « Maîtres incontestés » du conte fantastique français. Maupassant est influencé par Edgar Allan Poe mais il garde son originalité. Dans cet article nous nous posons comme question dans quelle mesure, l´œuvre choisie, La Main, est une nouvelle fantastique ?
Mots clés : Guy de Maupassant, la nouvelle fantastique, le réalisme,
le pessimisme
Resumen
El texto escogido es La Main de Maupassant, un cuento fantástico, que aparece en 1883 en la revista Le Gaulois el 23 de diciembre de 1883, y luego en Contes du jour et de la nuit en 1885. El narrador es juez en un pequeño pueblo de Francia y cuenta unos hechos que él mismo ha vivido. Maupassant se caracterizó por utilizar el realismo en sus descripciones y escoger temas que tienen que ver con la vida cotidiana. Además, un cierto pesimismo marca sus escritos, desarrollando muy a menudo temas de locura y de muerte como en La Main (1885). Maupassant utiliza además lo fantástico. Es uno de los maestros del cuento fantástico francés. Maupassant fue influenciado por Edgar Allan Poe pero sin dejar su originalidad. En este trabajo, nos preguntamos: ¿En qué medida, el texto escogido, La Main, es una novela fantástica?
Palabras claves: Guy de Maupassant, novela fantástica, realismo, pesimismo
Introduction
Guy de Maupassant est un écrivain français. Il est né le 5 août 1850 au château de Miromesnil, Tourneville-sur-Arques, près de Dieppe.
Maupassant a publié près de 300 nouvelles, six romans, plusieurs contes, et des chroniques pour des journaux. Cependant en 1877 il est atteint de syphilis. Il décide de s´éloigner du milieu littéraire, puis il commence à écrire de moins en moins à cause de sa maladie. Il souffre de migraines nerveuses, il abuse de l´éther, il est fatigué et il a des dépressions. C´est à partir de 1891 qu´il cesse d´écrire complètement dû à ses hallucinations visuelles qui le rendent fou. Il tente de se suicider en 1892, il est donc interné dans une clinique, où il meurt peu avant l´âge de 43 ans, le 6 juillet 1893, de paralysie générale comme son frère Hervé qui meurt fou en 1889.
La Main paraît en 1883 dans la revue Le Gaulois du 23 décembre 1883 puis dans le recueil Contes du jour et de la nuit, en 1885. C´est l´histoire de M. Bermutier, juge d´instruction, qui se trouve face à un crime inexplicable à Paris, et il commence à raconter un fait qu´il avait vécu à Ajaccio.
Étant donné que nous sommes devant une narration dont les faits peuvent nous plonger dans un univers où les incidents relèvent du
surnaturel, nous nous interrogeons sur la spécificité générique du mode narratif. Maupassant étant connu comme un conteur, nous nous demandons dans quelle mesure La Main est-elle une nouvelle fantastique ?
Pour répondre à cette question nous allons tout d´abord étudier l´organisation de l´œuvre, c´est-à-dire, l´intrigue, le narrateur et les personnages. Ensuite, nous analyserons en quoi cette nouvelle est-elle fantastique. Donc nous étudierons les caractéristiques de la nouvelle, du réalisme et du fantastique. Ensuite, nous allons voir la mort et le pessimisme chez Maupassant. Nous nous centrerons sur le passage morbide présent dans cette nouvelle, puis nous définirons le pessimisme et sa présence dans celle-ci, et nous analyserons la perception de la vie d´après Maupassant (une vision pessimiste de la vie).
1. L´organisation de l´œuvre
1.1. L´intrigue
C´est le narrateur qui nous introduit l´histoire, qui nous la raconte, qui nous donne des informations utiles pour comprendre ce qui se passe. Mais, comment cette intrigue est-elle organisée ? Quels sont les événements les plus importants ? Comment l´histoire est-elle narrée ? Quelles sont les
actions principales ?
Le récit est écrit à la troisième personne du singulier (« on », « il ») puis quand il y a un changement de narrateur, le récit est écrit à la première personne du singulier (« je »). Au début de l´histoire le narrateur omniscient nous situe dans un cadre géographique (Paris), ensuite nous présente M. Bermutier (le juge d´instruction) et ce qu´il est en train de faire (il est en train de donner son avis sur une affaire mystérieuse de Saint-Cloud). Nous n´avons aucuns indices temporels (pas de jour ni de date ni l´heure ni l´époque ni l´année…). Puis sur le lieu nous n´avons pas beaucoup de renseignements (« Paris », « debout, le dos à la cheminée »). Nous ne savons pas exactement où sont-ils (M. Bermutier et les autres personnages). Ensuite, le narrateur omniscient nous indique qu´il y a des femmes présentes (« Plusieurs femmes s´étaient levées pour s´approcher et demeuraient debout »). Cependant, nous n´avons aucune informations de ses femmes-là (prénom, nom, qui sont-elles, que font-elles). Nous ne savons rien de plus. Puis il y a le magistrat (« Le magistrat se tourna vers elle »). Mais il n´y a pas plus de renseignements sur ce personnage.
Nous remarquons qu´au début de cette nouvelle nous avons la présentation des personnages puis l´introduction du récit (le surnaturel). Lorsqu´une des femmes dit : « C´est affreux. Cela touche au “surnaturel”. On ne saura jamais rien ». Cette phrase introduit le thème du récit.
Le récit peut être divisé de cette façon : la première partie (l´introduction du récit) commence à la ligne 1 (« On faisait cercle autour de M. Bermutier, juge d´instruction qui donnait son avis sur l´affaire mystérieuse de
Saint-Cloud ») jusqu´à la ligne 28 (« Enfin, voici les faits »). Cette première partie se situe avant le récit de M. Bermutier. Ce sont des récits enchâssés, c´est-à-dire, un récit s´insère dans un autre plus important. À partir de l´explication d´un autre crime, le juge d´instruction commence à raconter une de ses expériences. Cette deuxième partie commence à la ligne 29 (« J´étais alors juge d´instruction à Ajaccio, une petite ville blanche, couchée au bord d´un admirable golfe qu´entourent partout de hautes montagnes ») jusqu´à la ligne 166 (« Voilà, mesdames, mon histoire. Je ne sais rien de plus. »). Cette partie M. Bermutier raconte les faits dont il a été témoin. Elle correspond au deuxième récit qui est inséré dans l´histoire en général. Ce deuxième récit est le plus important en réalité. Et finalement, le dénouement qui va de la ligne 167 (« Les femmes, éperdues, étaient pâles, frissonnantes. ») jusqu´à la ligne 178 (« Je vous avais bien dit que mon explication ne vous irait pas. »). Ici il y a un retour au narrateur omniscient, il reprend la parole, et il y a aussi un retour au premier récit.
Le deuxième récit est le plus important parce que c´est là où l´intrigue, l´action nous intéresse. Nous pouvons diviser la deuxième partie du récit de cette façon : la première partie commence à la ligne 29 (« J´étais alors juge d´instruction à Ajaccio. ») jusqu´à la ligne 88 (« C´été une drap japonaise. »). Cette première partie correspond à l´introduction. La présentation des personnages (le juge d´instruction et l´Anglais), le lieu (Ajaccio), la routine, la rencontre des personnages. Ensuite, la deuxième partie commence à la ligne 89 (« Mais, au milieu du plus large panneau, une chose étrange me tira l´œil. ») jusqu´à la ligne 158 (« On ne découvrit rien. »). Celle-ci c´est la rupture avec le réel, c´est la description de cette main affreuse accrochée au mur de l´Anglais. Puis l´assassinat de celui-ci, un mystère, un crime inexplicable. Personne n´y comprend. Et finalement, la troisième partie commence à la ligne 159 (« Or, une nuit, trois mois après le crime, j´eus un affreux cauchemar. ») jusqu´à la ligne 166 (« Voilà, mesdames, mon histoire. Je ne sais rien de plus. »). Cette dernière partie c´est le dénouement, la chute du récit. Ils ont retrouvé l´affreuse main, mais il n´y a aucune explication concrète pour ce crime. Le narrateur même le dit à la fin. Aucune explication réelle, objective est possible, même pas pour le lecteur.
Le personnage se présente : « J´étais alors juge d´instruction ». Il nous donne le lieu exact « À Ajaccio, une petite ville blanche, couchée au bord d´un admirable golfe qu´entourent partout de hautes montagnes. ». Il nous décrit le lieu. Le lecteur s´imagine comment est le lieu où va se dérouler l´action. C´est un lieu « normal », tranquille, petit, rien d´extraordinaire. Cependant, nous n´avons aucun indice de temporalité. Cette première présentation du personnage et de son métier permet au lecteur de se sentir à l´aise, c´est un personnage tout à fait normal, quelqu´un de la vie quotidienne, de sérieux et responsable. Le lecteur a confiance dans le narrateur, M. Bermutier. C´est quelqu´un qui a de l´expérience et il sait ce qu´il fait.
Nous remarquons l´utilisation de l´imparfait (« J´étais, « C´étaient », « je n´entendais », « J´avais »). C´est le narrateur-personnage qui parle et raconte une expérience de son passé. Nous retrouvons aussi un mélange de temps verbaux, passé et présent (« a », « retrouvons »). C´est un présent de vérité générale. Cela rend le récit encore plus mystérieux. Le suspense continue, ils n´ont pas trouvé la réponse. Nous remarquons aussi l´utilisation du passé simple « J´appris », « s´occupa », « se firent », « prétendit », « affirma ». C´est une histoire qui s´est déjà passée. Elle reste dans le passé.
Nous ressentons la même chose que le narrateur (ses sentiments, ses émotions). Il est perturbé par tous ses crimes lorsqu´il dit : « J´avais la tête pleine de ces histoires ». Ceci prouve qu´il est humain comme le lecteur, une personne comme les autres qui a été touché par tous ses événements. Le lecteur s´identifie chaque fois plus avec le narrateur.
Ensuite nous avons la conjonction de coordination « or » qui marque le début d´une autre idée. Le narrateur nous présente le personnage de l´Anglais : « Or, j´appris un jour qu´un Anglais venait de louer pour plusieurs années une petite villa au fond du Golfe. » Le narrateur nous décrit le personnage sans beaucoup de détails. C´est un personnage clé dans l´histoire. Mais c´est un personnage qui semble « normal », rien d´extraordinaire, c´est juste un étranger qui est venu vivre dans ce petit village en France. Au fur et à mesure que le récit avance, l´Anglais devient un personnage qui attire l´attention du village. Le narrateur nous décrit sa routine « vivait seul dans sa demeure, ne sortant que pour chasser et pour pêcher ». C´est quelqu´un de solitaire : « Il ne parlait à personne, ne venait jamais à la ville, et chaque matin, s´exerçait pendant une heure ou deux, à tirer au pistolet et à la carabine ». Il ne se mélange pas avec les gens du village et cela provoque une certaine réaction chez les villageois : « Des légendes se firent autour de lui ». C´est un personnage solitaire et mystérieux.
Le narrateur veut connaître ce personnage pour avoir plus d´informations. C´est un narrateur qui ne sait pas plus que le lecteur. Il a réussi à savoir le nom du personnage : Sir John Rowell. Le narrateur le surveille mais en réalité il ne trouve rien de suspect. Le lecteur se sent plus rassuré. Cependant, les rumeurs continuent, donc M. Bermutier décide de rencontrer ce personnage et de le connaître. Nous remarquons une gradation lorsqu´il dit : « Cependant, comme les rumeurs sur son compte continuaient, grossissaient, devenaient générales, je résolus d´essayer de voir moi-même cet étranger, et je me mis à chasser régulièrement dans les environs de sa propriété ». Nous avons l´impression que les rumeurs devenaient de plus en plus grandes.
Enfin le narrateur fait connaissance de cet Anglais, il nous fait une description physique de celui-ci : « C´était un grand homme à cheveux rouges, à barbe rouge, très haut, très large, une sorte d´hercule placide et poli ». Le narrateur le fréquente plusieurs fois. Ils ont déjà une certaine confiance entre eux. Puis un jour, le narrateur est invité à entrer chez l´Anglais. M. Bermutier a été très bien reçu. L´Anglais lui raconte sa vie, puis, à un moment donné il dit qu´il avait beaucoup chassé l´homme. Cela attire l´attention du narrateur et du lecteur. Nous nous demandons est-ce que chasser l´homme est normal ? Nous commençons à connaître mieux ce personnage. C´est un passionné de la chasse et des armes, il n´a pas mal voyagé, il a eu plein d´aventures, il a même
chassé l´homme. C´est un homme fort et grand, courageux et mystérieux.
Nous rentrons dans la deuxième partie du récit, lorsque le narrateur est attiré par quelque chose : « Mais, au milieu du plus large panneau, une chose étrange me tira l´œil ». Nous avons une rupture grâce à l´utilisation de la conjonction de coordination « Mais » qui introduit une nouvelle idée, pensée ou situation. Le narrateur nous indique où, mais il ne nous dit pas tout de suite ce que c´est. Il laisse le suspense. Le narrateur précise l´endroit : « Sur un carré de velours rouge, un objet noir se détachait ». Ensuite, « Je m´approchais », le narrateur doit se déplacer pour voir cela. Comme lecteur nous suivons les pas du narrateur. Finalement, il révèle le mystère : « c´était une main, une main d´homme ». Le lecteur se pose des questions et nous avons l´impression que le narrateur nous répond, il nous décrit cette main : « Non pas une main de squelette, blanche et propre, mais une main noire desséchée, avec les ongles jaunes, les muscles à nu et des traces de sang ancien, de sang pareil à une crasse, sur les os coupés net, comme d´un coup de hache, vers le milieu de l´avant-bras ». C´est surprenant, cela fait peur. Le narrateur continue à nous donner plus d´informations : « Autour du poignet, une énorme chaîne de fer, rivée, soudée à ce membre malpropre, l´attachait au mur par un anneau assez fort pour tenir un éléphant en laisse ». Le narrateur demande à l´Anglais ce que c’est que cela. Et l´Anglais répond tranquillement « c´été ma meilleur ennemi. Il vené d´Amérique. Il avé été fendu avec le sabre et arraché la peau avec un caillou coupante, et séché dans le soleil pendant huit jours ».
L´Anglais n´a rien caché, il raconte son aventure de façon naturelle et tranquille. La réaction de l´Anglais est suspecte. Cela rend le personnage encore plus mystérieux. Nous observons une contradiction lorsqu´il dit « meilleur ennemi ». L´Anglais nous donne l´information nécessaire et détaillée. Le narrateur revient à cette main affreuse : « Je touchai ce débris humain qui avait dû appartenir à un colosse. Les doigts, démesurément longs, étaient attachés par des tendons énormes qui retenaient des lanières de peu par places. Cette main était affreuse à voir, écorchée ainsi, elle faisait penser naturellement à quelque vengeance sauvage ». Encore une fois le narrateur nous décrit cette main horrible. Ce qui perturbe le plus c´est la chaîne à laquelle cette main est attachée. Le narrateur demande à l´Anglais pourquoi il a besoin de cette chaîne. L´Anglais répond : « Elle voulé toujours s´en aller. Cette chaîne est nécessaire. » Le narrateur comme le lecteur, se demande si cet Anglais est-il fou ou il plaisante. Après cette situation le narrateur revient plusieurs fois chez l´Anglais.
Le narrateur nous donne un indice temporel : « Une année entière s´écoula ». Pendant un an, rien de particulier était arrivé. Nous avons encore une fois la conjonction de coordination « Or » : « Or, un matin, vers la fin de novembre, mon domestique me réveilla en m´annonçant que sir John Rowell avait été assassiné dans la nuit ». Nous retrouvons plusieurs indices temporels : « un matin », « fin novembre », « la nuit ». Cela permet de situer le lecteur, de rendre le récit réel. Une nouvelle situation se présente. Le narrateur nous décrit la scène du crime. Nous imaginons la situation, puis la découverte du cadavre et la position de celui-ci. Le narrateur est précis, observateur. Le narrateur donne son avis : « tout annonçait qu´une lutte terrible avait eu lieu », c´est une supposition que fait M. Bermutier, qui est juge d´instruction et qui sait sur ces choses-là, c´est son domaine, son métier. Il nous annonce comment l´Anglais a été assassiné (étranglé). Nous avons la cause de mort puis la description. Une description qui dégoûte le lecteur : « On dirait qu´il a été étranglé par un squelette ». Cette phrase perturbe énormément le narrateur et le lecteur : « Un frisson me passa sur le dos, et je jetai les yeux sur le mur, à la place où j´avais vu jadis horrible main d´écorchée. Elle n´y était plus. La chaîne, brisée, pendait ». Nous ressentons exactement la même chose que le narrateur. Le narrateur associe le squelette avec la main horrible. Cette main n´est plus là. Est-ce que c´est une coïncidence ? Le narrateur découvre dans la bouche du cadavre un des doigts de la main disparue qui avait été coupé par les dents. Est-ce que ce doigt appartient-il à cette main affreuse disparue ? Le narrateur dit qu´ils n´ont rien trouvé de plus, aucune piste de l´assassin : « Aucune porte n´avait été forcée, aucune fenêtre, aucun meuble. Les deux chiens de garde ne s´étaient pas réveillés » Aucune explication rationnelle pour résoudre ce crime. Nous supposons que cette terrible main à commis tel crime mais cela ne semble pas réel, pas possible et pas logique. Le narrateur communique ce crime aux magistrats et aux officiers, une enquête dans tout le village a été réalisée mais ils n´ont jamais découvert l´assassin.
Le narrateur nous raconte qu´il a eu des cauchemars par rapport à ce crime, qu´il voyait cette main affreuse. Un jour ils ont trouvé la main dans le cimetière où John Rowell était enterré. Aucune explication logique. Et, à cette main lui manquait un doigt. Cette dernière partie c´est la chute, le dénouement.
Nous remarquons la présence de dialogues. C´est un discours indirect libre, le narrateur nous rapporte les paroles de certains personnages, comme celui de l´Anglais ou du médecin. Nous avons un discours indirect, celui des domestiques. Ces discours-là rendent le récit plus réel, les discours donnent vie aux personnages. En général, les paroles rapportées des personnages prennent de l´importance parce que le narrateur veut que nous croyions à son histoire, que nous ayons confiance en lui.
Le registre utilisé est le courant, le vocabulaire est simple, facile à comprendre, ce ne sont pas des termes recherchés ni spécifiques. Les règles de grammaire sont respectées. Les phrases sont simples et suivent une structure logique (sujet, verbe et complément). Nous remarquons l´utilisation des temps verbaux simples de l´indicatif (passé composé, l´imparfait, passé simple, plus-que-parfait, subjonctif présent, présent). Ce registre de langue permet de comprendre l´histoire, l´action. Nous pouvons lire cette nouvelle fantastique sans aucune difficulté de compréhension. Guy de Maupassant se dirige ou s´adresse à tous. La nouvelle est généralement courte, briève, donc il n´y a aucun souci lorsque nous la lisons.
Nous avons tous les détails de l´histoire grâce au regard du narrateur, c´est un point de vue interne, le narrateur personnage observateur de l´histoire, il a vécu cette expérience particulière, « surnaturelle », puis il la transmet au lecteur. Le narrateur n´en sait pas plus que le lecteur, nous sommes au même niveau, il raconte ce qu´il a vécu. C´est un point de vue subjectif car nous n´avons que la version de M. Bermutier. Cependant, nous nous identifions avec celui-ci, il nous permet de rentrer dans ses pensées. Nous réagissons de la même façon que le narrateur (la peur, l´angoisse, le doute).
1.2. Le narrateur
Dans ce récit, le narrateur est omniscient. Il sait tout, il connaît tout. Au début de l´histoire c´est un narrateur externe, c´est-à-dire, ce n´est pas un personnage de l´histoire, « On faisait cercle autour de M. Bermutier, juge d´instruction qui donnait son avis sur l´affaire mystérieuse de Saint-Cloud ». Mais au fur et à mesure que l´histoire avance le narrateur change, et c´est le juge d´instruction qui prend la parole lorsqu´il raconte son expérience : « J´étais alors juge d´instruction à Ajaccio ». Le narrateur du début de l´histoire est différent. Ce narrateur donne la parole au juge d´instruction : « M. Bermutier sourit gravement, comme doit sourire un juge d´instruction. Il reprit : - N´allez pas croire, au moins, que j´aie pu, même un instant, supposer en cette aventure quelque chose de surhumain. Je ne crois qu´aux causes normales. ». À partir d´ici, le narrateur est un narrateur interne, c´est un personnage de l´histoire. Il est le témoin privilégié du phénomène fantastique et le garant de l´authenticité du récit. Nous passons d´un narrateur inconnu à un narrateur bien précis. Nous passons du « on » au « je ». L´utilisation de la première personne au singulier est présent lorsque le narrateur-personnage parle
(« Je voulus, en ma qualité de juge d´instruction, prendre quelques renseignements sur cet homme »).
Nous avons donc deux voix narratives : au début de l´histoire, le narrateur inconnu omniscient, « On », et à la fin de l´histoire il apparaît une dernière fois : « Et le juge d´instruction, souriant toujours, conclut : », puis le narrateur interne, le personnage, qui est le juge d´instruction : « J´étais alors juge d´instruction à Ajaccio ». C´est celui qui raconte l´histoire de la main.
Nous avons le point de vue du narrateur personnage : « Je ne crois qu´aux causes normales. Mais si, au lieu d´employer le mot « surnaturel » pour exprimer ce que nous ne comprenons pas, nous servions simplement du mot “ inexplicable”, cela vaudrait beaucoup mieux ». Cela permet de savoir ce que le narrateur pense. Le lecteur sait la position de celui-ci et c´est plus facile de s´identifier avec le narrateur lorsque nous connaissons ses pensées, sa position, son point de vue, même si ce n´est pas objectif.
Nous trouvons la focalisation interne, c´est d´après le narrateur-personnage qui nous fait les descriptions, les portraits et nous raconte l´histoire. C´est un narrateur « homodiégétique », c´est-à-dire le narrateur raconte ses mémoires, son expérience, c´est pour cela que son point de vue est subjectif. Le narrateur raconte des faits dont il n´a pas été l´acteur principal mais simplement un témoin. Le point de vue est interne parce que les faits racontés sont perçus et interprétés à travers le point de vue d´un personnage précis. La réalité décrite est restreinte par les possibilités d´une perception subjective. Ce narrateur rapporte les paroles et les pensées au style indirect libre.
1.3. Les personnages
Nous allons tout d´abord classifier les personnages des plus importants au moins importants.
Comme personnages principaux nous avons Mr. Bermutier, il est juge d´instruction, il est le personnage principal, nous n´avons pas de description physique, c´est celui qui raconte l´histoire, son expérience. Puis, l´Anglais, Sir John Rowell, il venait de louer une petite villa en Corse. Il avait amené avec lui un domestique français de Marseille. C´est un grand homme à cheveux roux, à barbe rousse, très grand. Il voyage beaucoup, il est chasseur d´animaux et « d´hommes ». C´est quelqu´un de mystérieux et c´est lui qui a une main attaché au mur dans sa maison. C´est lui qui se fait assassiner par cette main affreuse.
Ensuite, comme personnages secondaires nous avons la présence de plusieurs femmes au début de l´histoire puis à la fin. Nous ne savons pas comment elles s´appellent, qui sont-elles, que font-elles. Mais elles sont là présentes. Il y a eu un crime inexplicable, où Mr. Bermutier donne son avis sur cette affaire mystérieuse de Saint-Cloud. Il a essayé de donner plusieurs conclusions mais aucune n´est satisfaisante. Ces femmes-là sont choquées par ce crime « surnaturel ». Elles ne comprennent pas ce qu´il se passe. Puis, une d´entre elles au début de l´histoire dit : « C´est affreux. Cela touche au surnaturel. On ne saura jamais rien. » Mr. Bermutier commence à raconter son expérience. Jusqu´à la fin de l´histoire les femmes disent que cela n´est pas un dénouement, ni une explication. Elles ont très peur, elles disent qu´elles ne vont pas dormir si Mr. Bermutier ne leur dit pas ce qui s´est vraiment passé. Mr. Bermutier dit à la fin : « Je vous avais bien dit que mon explication ne vous irait pas ». Nous n´avons aucune description physique de ces femmes-là mais nous savons ce qu´elles pensent et comment elles se sentent (les émotions), par exemple, au début de l´histoire, le troisième paragraphe :
Plusieurs femmes s´étaient levées pour s´approcher et demeuraient debout, l´œil fixé sur la bouche rasée du magistrat d´où sortaient les paroles graves. Elles frissonnaient, vibraient, crispées par leur peur curieuse, par l´avide et insatiable besoin d´épouvante qui hante leur âme, les torture comme une faim. (Maupassant, 1885, p.1)
Nous remarquons ici que nous connaissons les mouvements des femmes (s´étaient levées, s´approcher, demeuraient debout, l´œil fixé, frissonnaient, vibraient, crispées). Nous avons plusieurs verbes qui nous indiquent les déplacements des femmes. Ensuite, nous connaissons les sentiments ou les émotions (peur curieuse, épouvante, hante, torture). Nous imaginons, comme lecteur, ce que sentent ces femmes-là car nous sentons exactement la même chose.
Nous avons aussi le magistrat comme personnage secondaire. Nous n´avons aucune information sur lui, il prend la parole au début de l´histoire : « Oui, madame, il est probable qu´on ne saura jamais rien. Quant au mot “surnaturel” que vous venez d´employer, il n´a rien à faire ici. Nous sommes en présence d´un crime fort habilement conçu, fort habilement exécuté, si bien enveloppé de mystère que nous ne pouvons le dégager des circonstances impénétrables qui l´entourent. Mais j´ai eu, moi, autrefois, à suivre une affaire où vraiment semblaient se mêler quelque chose de fantastique. Il a fallu l´abandonner, d´ailleurs, faute de moyens de l´éclaircir ». Et à la fin de l´histoire il reprend la parole : « Oh ! Moi, mesdames, je vais gâter, certes, vos rêves terribles. Je pense tout simplement que le légitime propriétaire de la main n´était pas mort, qu´il est venu la chercher avec celle qui lui restait. Mais je n´ai pas pu savoir comment il a fait, par exemple. C´est là une sorte de vendetta ».
Nous avons comme personnage secondaire le médecin qui est présent lorsque le cadavre de l´Anglais a été découvert : « Un médecin nous rejoignit. Il examina longtemps les traces des doigts dans la chair et prononça ces étranges paroles : - On dirait qu´il a été étranglé par un squelette », nous ne savons pas qui est exactement ce médecin, nous ne connaissons pas son prénom ou nom, il n´y a aucune information précise sur lui. Cependant, il est important car c´est lui qui dit comment a été assassiné l´Anglais.
Et, finalement nous avons les domestiques. Celui du juge d´instruction qui informa sur le meurtre : « Un matin, vers la fin de novembre, mon domestique me réveilla en m´annonçant que Sir John Rowell avait été assassiné dans la nuit ». Et le domestique de l´Anglais, qui donne son témoignage : son maître était agité, il avait reçu des lettres, il prenait une cravache et frappait la main, il se couchait tard et s´enfermait, il avait toujours des armes avec lui, la nuit il parlait haut comme s´il se fâchait avec quelqu´un. Mais la nuit où l´on le tua il n´avait pas fait de bruit. Ce domestique à un rôle important car c´est lui qui découvre le cadavre de l´Anglais.
Nous remarquons qu´il n´y a pas beaucoup de personnages. Nous retrouvons le dialogue entre M. Bermutier et les femmes, et M. Bermutier et l´Anglais. Nous ne connaissons pas trop sur la vie de M. Bermutier, nous ne connaissons que sa profession (juge d´instruction). Mais nous avons plus de renseignements sur l´homme mystérieux, l´Anglais. Cependant, nous n´avons aucune information sur les femmes présentes. Mais nous n´avons pas besoin de beaucoup de descriptions des personnages pour comprendre l´histoire et pour s´identifier. En général, ce sont des personnages simples, de la vie quotidienne, rien d´extraordinaire. Même s´ils ont un rôle secondaire, ils sont importants, chacun a un rôle essentiel dans la mesure où, sans eux, l´intrigue ne serait pas possible.
2. Une nouvelle fantastique
2.1. Une nouvelle
D´après l´Encyclopédie Larousse, la nouvelle est un récit bref qui présente une intrigue simple où il y a peu de personnages. La nouvelle se distingue du roman surtout par sa brièveté et par sa densité. Elle présente des personnages dont la psychologie n´est étudiée que dans la mesure où ils réagissent à l´événement qui forme la trame du récit.
Selon l´Encyclopédie Larousse, Guy de Maupassant est considéré en France comme l´un des maîtres en ce genre. Ses œuvres ou ses nouvelles racontent une situation en particulier où tous les registres s´intègrent. La nouvelle se déroule autour des personnages typés psychologiquement et socialement et qui n´ont pas le temps d´évoluer. Pour Maupassant, la nouvelle est une étude de mœurs schématisée, un bref roman qui se centre sur des formules.
D´après l´Encyclopédie Larousse, en Angleterre la nouvelle est principalement représentée au XIXe siècle par Charles Dickens, Robert Louis Stevenson, puis au XXe siècle par Rudyard Kipling, D. H. Lawrence et Katherine Mansfield (1888-1923). En Russie, les trois nouvelles de Pouchkine fondent la prose réaliste russe. Aux États-Unis, après Nathaniel Hawtorne, la nouvelle connaît un grand succès et devient presque le genre littéraire dominant avec des auteurs comme Jack London, Ernest Hemingway, William Faulkner, Sherwood Anderson ou Flannery O´Connor.
D´après l´Encyclopédie Larousse, la nouvelle attire dans le monde entier les grands auteurs, de Julio Cortázar à Jorge Luis Borges, de Iouri Trifonov à Italo Calvino, Alberto Moravia ou Dino Buzzati. Cependant en France le genre semble disparaître.
Pour revenir à la nouvelle littéraire, la nouvelle est un récit fictif, bref, court qui fait appel à la réalité. Les personnages, les événements, les lieux et les objets sont présentés comme s´ils étaient réels, comme s´ils faisaient partie de la vie quotidienne. Finalement, la nouvelle a une fin inattendue : c´est la chute. L´intrigue repose surtout sur l´évolution psychologique du personnage principal. Le dénouement provoque une réaction chez le lecteur dû à sa nature mystérieuse, surprenante ou inattendue.
D´après la Bibliothèque Virtuelle, les états d´âme du personnage principal, ses hésitations, ses réflexions, ont une place importante dans le récit. L´élément déclencheur est lié à une caractéristique de la personnalité du protagoniste. L´intrigue repose sur l´évolution psychologique du personnage principal après l´élément déclencheur.
Les principaux thèmes de la nouvelle sont la vie, l´amour, l´amitié, la mort, le bonheur etc. Des thèmes de la vie quotidienne. Le registre utilisé peut être soutenu, familier, etc. Le ton peut être dramatique, comique, sarcastique, ironique, etc. Il correspond aux émotions ou aux sentiments exprimés par les personnages qui prononcent les paroles formant les dialogues. Puis, il existe plusieurs catégories de la nouvelle : dramatique, psychologique, fantastique, sociale, historique, science-fiction et autres.
Selon la Bibliothèque Virtuelle, la nouvelle littéraire se divise en quatre ou cinq étapes. La situation initiale (elle présente les personnages, le lieu, le temps, l´action de départ, puis elle décrit l´état d´équilibre). Ensuite l´élément déclencheur, c´est l´étape qui vient bouleverser l´ordre normal des choses, le personnage se retrouve dans une situation différente. Puis, le déroulement, les actions que le personnage entreprend pour s´en sortir. Le dénouement, c´est la chute du récit qui provoque un effet de surprise. La situation finale, souvent il n´y a pas de situation finale mais elle peut être briève et place le personnage dans une nouvelle situation.
Le narrateur, celui qui raconte l´histoire, peut être le personnage principal (il raconte ce qui lui est arrivé, il utilise le je), il peut être témoin, personnage secondaire (il raconte des événements dont il a été témoin) ou narrateur omniscient (il sait tout, il voit tout)
La narration se déroule dans un ordre chronologique. Mais si le narrateur interrompt le fil de l´histoire pour raconter des événements antérieurs, il fait un retour en arrière ou une rétrospective.
2.2. Le réalisme
Le réalisme est une tendance littéraire et artistique du XIXe siècle qui consiste à la représentation “exacte” du monde (la nature, les hommes, la société…). D´après l´Encyclopédie Larousse, le réalisme est assez récent. Il apparaît d´abord en Allemagne chez Kant et les idéalistes allemands. En France, le mot apparaît pour la première fois dans un article anonyme du Mercure du XIXe siècle en 1826, d´une critique littéraire. Le mot entre en 1878 dans le Dictionnaire de l´Académie Française.
Le réalisme est situé par les historiens français entre 1850 et 1885, entre le romantisme et le symbolisme. Il existe plusieurs types de réalisme : le réalisme romantique, fantastique, poétique.
Le réalisme est né du besoin de lutter contre le romantisme. Ce mouvement veut peindre la réalité telle qu´elle est en choisissant des thèmes populaires et tabous de l´époque. Le réalisme vise à produire un « effet réel ». L´écrivain réaliste veut recréer le monde à travers l´écriture pour analyser les différents problèmes sociaux et de comprendre les comportements humains puis de faire réfléchir le lecteur sur la vie en générale.
Les descriptions sont très présentes dans le réalisme, elles ont un rôle très important, elles décrivent avec précision la réalité, les lieux, les personnages. Par exemple dans La Main de Maupassant, nous avons des descriptions : « J´étais alors juge d´instruction à Ajaccio, une petite ville blanche, couchée au bord d´un admirable golfe qu´entourent partout de hautes montagnes » (Maupassant, 1883, p. 2).
Dans le réalisme, la parole du personnage reflète les milieux sociaux, par exemple dans La Main : « N´allez pas croire, au moins, que j´aie pu, même un instant, supposer en cette aventure quelque chose de surhumain. Je ne crois qu´aux causes normales » (Maupassant, 1883, p.1). M. Bermutier est un juge d´instruction donc il parle correctement, il sait ce qu´il dit et ce qu´il fait. C´est un personnage qui peut appartenir à la vie quotidienne. Cela rend la nouvelle encore plus réaliste et cela fait que le lecteur ait confiance en lui. C´est un personnage rationnel, logique, il ne croit pas aux choses surnaturelles. Le lecteur s´identifie avec lui.
Jules Champfleury est un écrivain et critique du XIXe siècle qui présente ses idées dans un ouvrage qui s´intitule Le Réalisme publié en 1857. Il explique que vers la moitié du XIXe siècle le mot réalisme était quelque chose de nouveau. Champfleury insiste sur le fait de montrer la réalité dans les œuvres.
D´après Champfleury, les personnages doivent représenter toute la société. Les détails permettent d´enrichir l´œuvre et la rendre vraisemblable puis le sujet ou le thème doit être du quotidien. Comme nous le voyons dans La Main, Maupassant utilise des personnages qui ne sont pas de la noblesse, ce sont des personnages ordinaires comme M. Bermutier, un personnage tout à fait réaliste. Ensuite les détails sont importants car ils permettent de recréer la réalité, de rendre le récit encore plus réel. Par exemple lorsqu´il nous décrit l´Anglais : « Or, j´appris un jour qu´un Anglais venait de louer pour plusieurs années une petite villa au fond du golfe. Il avait amené avec lui un domestique français, pris à Marseille en passant » (Maupassant, 1883, p. 2).
Nous remarquons que La Main est une nouvelle réaliste car elle présente des caractéristiques de ce mouvement : les descriptions, les personnages de la vie quotidienne, lieux réels (Ajaccio, Saint-Cloud), le dialogue. Les personnages, les lieux, les actions qui sont présentés pourraient exister dans le monde réel.
Maupassant nous place dans un monde réaliste, une réalité que nous connaissons grâce aux personnages, aux lieux, aux événements, aux descriptions et autres éléments. L´auteur réussit cette relation de confiance entre le lecteur et le narrateur-personnage, nous nous sentons à l´aise avec M. Bermutier, c´est un personnage tout à fait logique et rationnel, il est juge d´instructions, ce n´est pas n´importe qui, il a fait des études, il a des connaissances, de l´expérience donc le lecteur a confiance en lui puis l´irruption de l´irréel n´était pas attendu. Nous nous sentons bouleversé. Nous n´arrivons pas à expliquer la situation par la logique et la raison même pas M. Bermutier. Nous avons besoin du réalisme pour que le fantastique existe. Le réalisme a un rôle important car il nous permet d´entrer dans le fantastique.
2.3. Le fantastique
Du latin phantastikus, du grec phantastikos, qui veut dire l´imagination. Le mot « fantastique » apparaît en 1830 avec Nodier pour caractériser un récit qui place son lecteur face à d´étranges événements, inexplicables par la raison.
Le fantastique est un genre littéraire où l´œuvre littéraire transgresse le réel en se référant au rêve, au surnaturel, à la magie, à l´épouvante ou à la science-fiction. Nous pouvons le définir comme l´intervention du surnaturel à un moment donné. Il y a irruption du surnaturel dans la réalité. Des événements inexplicables ont lieu et c´est impossible de savoir si c´est réel ou pas. Un texte fantastique fait hésiter le lecteur entre une explication surnaturelle et une explication rationnelle des faits. Il y a un cadre inquiétant, l´incertitude est présente, les interrogations, les exclamations, les personnifications, les comparaisons, les métaphores, les champs lexicaux du mystère, de l´étrange, de la peur et autres.
Jeanne Favret (1972) définit le fantastique selon Todorov. Les œuvres qui appartiennent à ce genre littéraire font hésiter le lecteur, qui s´identifie au personnage principal. Cette hésitation a deux possibilités, soit que nous l´admettons soit c´est de l´imagination. C´est-à-dire, nous décidons si l´événement est ou n´est pas réel. Lorsque la décision est prise nous ne sommes plus dans le fantastique, nous entrons dans l´un des deux genres voisins : le merveilleux ou l´étrange. Dans le fantastique, le lecteur ne peut prendre de décision sur la nature étrange d´un événement.
Todorov (1970) énonce trois conditions auxquelles un ouvrage doit satisfaire pour appartenir au fantastique. Tout d´abord, il faut que le texte oblige le lecteur à considérer le monde des personnages comme un monde de personnes
vivantes et à hésiter entre une explication naturelle et une explication surnaturelle des événements évoqués. Ensuite, cette hésitation peut être ressentie également par un personnage: ainsi le rôle de lecteur est pour ainsi dire confié à un personnage et dans le même temps l´hésitation se trouve représentée. C´est la tension qui crée l´hésitation du lecteur, le fantastique. Puis, il importe que le lecteur adopte une certaine attitude à l´égard du texte : il refusera aussi bien l´interprétation allégorique que l´interprétation poétique.
Todorov (1970) dit que le fantastique nous le retrouvons :
Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s´expliquer par les lois de ce même monde familier. Celui qui perçoit l´événement doit opter pour l´une des deux solutions possibles : ou bien il s´agit d´une illusion des sens, d´un produit de l´imagination et les lois du monde restent alors ce qu´elles sont ; ou bien l´événement a véritablement eu lieu, il est partie intégrante de la réalité, mais alors cette réalité est régie par des lois inconnues de nous. Ou bien le diable est une illusion, un être imaginaire ; ou bien il existe réellement, tout comme les autres êtres vivants : avec cette réserve qu´on le rencontre rarement. (Todorov, 1970, p. 29)
Ensuite, Todorov (1970) nous dit que le fantastique est un moment d´incertitude ; si nous choisissons une réponse, le fantastique disparaît et nous rentrons dans un genre voisin (l´étrange ou le merveilleux). Todorov nous dit que le fantastique c´est le doute qu´a une personne qui ne connait que les lois naturelles devant une situation « surnaturelle ».
Dans une nouvelle fantastique, le personnage est introduit dans un cadre réaliste qui lui est familier. Au début il n´y a pas de surnaturel, le personnage est dans sa routine, ou dans une situation connue. Le lieu est vraisemblable ou réel.
Ensuite, le surnaturel apparaît et l´ordre normal des choses se déstabilise. Le fantastique se manifeste, des éléments étranges commencent à surgir, cela devient inquiétant.
Le personnage commence à douter, à hésiter, et il veut une explication rationnelle de la situation. Le personnage cherche une réponse, le surnaturel n´est pas accepté. L´état d´âme du personnage évolue : il doute, il hésite, puis il a peur, il s´inquiète et même il peut tomber dans la folie. Ce qui était « normal » ne l´est plus, il y a une transgression du réel. Le personnage et le lecteur se retrouvent avec des questions auxquelles il n´y a pas de réponses.
La Main est une nouvelle fantastique car au début nous avons le personnage principal. Mr. Bermutier, un juge d´instruction, qui donnait son avis sur une affaire mystérieuse puis il commence à raconter une de ses expériences vécues. Il fait la description de l´Anglais, ensuite la manière dont il s´est approché de lui pour faire connaissance, soudain, il voit une main horrible attachée, sans peau, pleine de sang. À partir d´ici commence le surnaturel. L´Anglais se fait assassiner, nous ne savons pas qui l´a tué, mais nous supposons par la suite que c´était cette main affreuse, qui s´était échappée et dont un doigt avait été retrouvé dans la bouche de l´Anglais. Personne n´y croit à cette histoire. Mais Mr. Bermutier n´arrive pas à expliquer ce crime-là. En tant que lecteurs, nous avons des doutes (c´est réel ou pas ?).
Nous remarquons donc que dans cette œuvre, le personnage est quelqu´un comme les autres, le lieu est vraisemblable, il n´y a rien de surnaturel au début de l´histoire. Puis, au fur et à mesure que l´histoire se déroule, le surnaturel apparaît, et nous observons comment le personnage principal change psychologiquement. Il y a une évolution dans le personnage. Celui-ci commence à ses poser des questions, à douter, à hésiter, à avoir peur, il a des cauchemars avec cette main, il n´arrive pas à dormir. Il essaie de donner des explications réelles mais il n´arrive pas, il n´existe pas de réponses. Puis, le lecteur s´identifie avec le personnage, nous n´arrivons pas à comprendre, nous doutons, nous nous posons des questions, nous essayons de trouver une explication réelle, mais nous n´y arrivons pas.
3. La mort et le pessimisme chez Maupassant
3.1. Un passage morbide
Le XIXe siècle français se caractérise par plusieurs évolutions et révolutions qui changent drastiquement la société. De plus, la violence a toujours existé et surtout dans la littérature française. Avec la Révolution de 1789, qui marque le siècle suivant, et les journaux qui exploitent de plus en plus les histoires violentes, ceux-ci attirent énormément les lecteurs. Cependant, la littérature se laisse aller par
l´imaginaire social et les journaux.
Cette attraction vers la violence s´observe surtout dans les contes et nouvelles de Maupassant. Julie Simard nous dit que la violence est une caractéristique de l´être humain qui est présente dans toutes les cultures et dans toutes les époques. L´auteur nous mentionne René Girard qui dit que la violence est à l´origine des mythes, de la religion et de tout ce qui fonde une société. Et qu´il y aurait une violence fondatrice à la base de la civilisation, et le XIXe siècle français semble intéressant. Les auteurs de cette époque semblent s´intéresser pour toutes les formes de violence, en jouant avec la demande des lecteurs. La violence présente dans la littérature est toujours crue et brutale, et elle n´est pas toujours représentée de la même façon.
D´après Julie Simard, chez Maupassant, la violence touche toutes les facettes de la société (le meurtre, la cruauté, l´horreur), qui peut être physique ou psychologique. Maupassant veut représenter dans ces nouvelles et ces contes, cette caractéristique humaine qu´est la violence. La violence peut être représentée différemment mais elle va toujours avoir le même résultat négatif.
L´auteur nous définit la violence :
La violence est le caractère de ce qui se manifeste de façon brutale et destructrice ; un sentiment qui atteint une extrémité ; un être agressif qui a recours à la force brutale ; toute personne ou situation qui contraint une autre personne. (Simard, 2010, p. 7)
Où il y a de la violence, quelqu´un souffrira les conséquences négatives.
Nous remarquons que dans La Main il y a un passage morbide, un passage qui représente la violence. Nous avons d´abord la description d´une main affreuse :
Mais, au milieu du plus large panneau, une chose étrange me tira l´œil. Sur un carré de velours rouge, un objet noir se détachait. Je m´approchai : c´était une main, une main d´homme. Non pas une main de squelette, blanche et propre, mais une main noire desséchée, avec les ongles jaunes, les muscles à nu et des traces de sang ancien, de sang pareil à une crasse, sur les os coupés net, comme d´un coup de hache, vers le milieu de l´avant-bras. Autour du poignet, une énorme chaîne de fer, rivée, soudée à ce membre malpropre, l´attachait au mur par un anneau assez fort pour tenir un éléphant en laisse. (Maupassant, 1885, p. 3)
C´est une description surprenante d´une main qui est apparemment affreuse, et même qui fait peur. Mais ce qui est plus surprenant c´est la réponse de l´Anglais par rapport à cette main :
L´Anglais répondit tranquillement : - C´été mon meilleur ennemi. Il vené d´Amérique. Il avé été fendu avec le sabre et arraché la peau avec une caillou coupante, et séché dans le soleil pendant huit jours. (Maupassant, 1885, p. 3)
Le personnage nous donne les détails précis de comment cette main a été coupé. C´est une violence extrême.
Ensuite nous avons le passage où l´Anglais est mort, quelqu´un l´a
assassiné :
En entrant dans le salon de sir John, j´aperçus du premier coup d´œil le cadavre étendu sur le dos, au milieu de la pièce. Le gilet était déchiré, une manche arrachée pendait, tout annonçait qu´une lutte terrible avait eu lieu. L´Anglais était mort étranglé ! Sa figure noire et gonflée, effrayante, semblait exprimer une épouvante abominable ; il tenait entre ses dents serrées quelque chose ; et le cou, percé de cinq trous qu´on aurait dits faits avec des pointes de fer, était couvert de sang. Un médecin nous rejoignit. Il examina longtemps les traces des doigts dans la chair et prononça ces étranges paroles : On dirait qu´il a été étranglé par un squelette (…) Alors je me baissai vers le mort, et je trouvai dans sa bouche crispée un des doigts de cette main disparue, coupé ou plutôt scié par les dents juste à la deuxième phalange. (Maupassant, 1885, pp. 3-4)
Nous remarquons que c´est un passage descriptif du cadavre. Nous observons le champ lexical de la mort, les détails précis, la cause de mort. C´est un passage morbide, la mort est présente dans les contes et nouvelles de Maupassant cela montre une perception de la vie pessimiste chez l´auteur.
3.2. Le pessimisme
D´après le dictionnaire Larousse, le pessimisme est « une doctrine qui soutient soit que tout est mal, soit que la somme des maux l´emporte sur celle des bien » et que c´est « la tendance de quelqu´un qui, par caractère ou après réflexion, prévoit une issue fâcheuse aux événements, à la situation, qui attend le pire » (Dictionnaire Larousse, 2017).
Le pessimisme est un état d´âme dans lequel une personne perçoit négativement la vie. D´après cette doctrine, Schopenhaueur dit que la vie humaine est une douleur constante, notre destin est d´agir et cela consiste à obtenir ce que nous n´avons pas. Le pessimisme n´accepte pas le progrès de la civilisation et de la nature humaine.
D´après Schopenhaueur, le pessimisme ne se fonde pas que sur les mauvaises expériences (les échecs, les maladies), c´est plus extrême, la souffrance se centre au cœur de l´individu et c´est le plus important. Pour lui tout être est condamné radicalement au malheur.
Pour Schopenhaueur, l´ennui est le principe de sociabilité. La solitude fait peur, de se retrouver seul avec soi-même fait que les hommes se retournent vers autrui. C´est mieux d´être avec l´autre qu´avec soi-même. Il dit que « Ce n´est pas l´amour à la vie qui nous retient mais la peur à la mort » (Schopenhaueur, 1912). Pour lui le bonheur n´est pas quelque chose de positif, c´est seulement l´arrêt temporel d´une souffrance ou d´une limitation.
3.3. La perception de la vie d´après Maupassant
Nous remarquons que Maupassant est un auteur pessimiste. La vie de celui-ci n´a pas été facile. Comme dit Marianne Bury dans son article Maupassant pessimiste ? , la séparation de ses parents a été un traumatisme pour lui, la guerre l´a énormément marqué, il a dû abandonner ses études car sa famille était ruinée et il accepte un petit poste au ministère de la Marine puis à l´Instruction
Publique. La mort de Flaubert l´a beaucoup touché et il tombe dans une profonde douleur et dépression dont il ne pourra jamais se remettre.
Bury nous dit que le statut de journaliste de Maupassant va lui permettre d´avoir une vision plus claire de la société en confirmant sa conception pessimiste de la vie. Puis sa formation intellectuelle va justifier philosophiquement une prédisposition naturelle renforcée par l´expérience. Flaubert a eu une grande influence sur Maupassant à propos de la conception de la vie où les principales caractéristiques sont la cruauté de l´existence, la misère de l´homme vouée à la mort, le sentiment de solitude morale. Bury dit que « Le pessimiste est celui qui voit la laideur du monde et se refuse à le peindre en rose parce qu´il considère qu´il n´en a pas le droit » (Bury, 1988, p.78). Ce pessimisme perturbe les lecteurs. Maupassant dit que la littérature optimiste est dangereuse parce qu´elle trompe les lecteurs.
D´après Bury, la vision pessimiste du monde permet à l´écrivain sincère d’échapper le littéraire en cherchant une rhétorique du réel qui lutte contre les lieux communs de la rhétorique romantique.
Maupassant veut nous démontrer que le réel n´appartient pas aux lois conventionnelles du littéraire, il veut laisser une morale. Il essaie d´être neutre. Son pessimisme s´éloigne du lyrisme, du sublime, de l´amplification. Comme Maupassant refuse les aspects esthétiques liés à une conception optimiste du monde, il cherche l´efficacité dans l´expression du réel.
La vision pessimiste de Maupassant n´est pas unique, il y a d´autres auteurs comme Musset, Flaubert et Baudelaire qui sont touchés par « le mal du siècle » D´après Simard, le pessimisme, le sentiment vide de l´existence, est une vision propre à son temps.
Conclusion
Pour conclure, La Main de Guy de Maupassant est une nouvelle fantastique. Nous avons analysé les éléments de la nouvelle, du fantastique et du réalisme. Nous concluons que cette œuvre est une nouvelle fantastique mais qui présente quelques caractéristiques du réalisme.
Ensuite, nous avons analysé l´organisation de l´œuvre, sa structure narrative, les personnages, l´intrigue et le narrateur. Une œuvre bien construite, bien structurée. Le registre utilisé (le courant) permet de bien comprendre l´histoire, de quoi s´agit-il, que se passe-t-il. Les temps verbaux utilisés sont des temps passés (le narrateur nous raconte une des expériences qu´il avait vécues). La présence des dialogues permet de rendre l´œuvre plus réelle, de donner de la voix aux personnages, qu´eux-mêmes puissent raconter, puissent donner leur avis sur les différents événements vécus.
Le lecteur s´identifie au narrateur, ils sont au même niveau. Le narrateur ne sait pas plus que nous. Nous avons le point de vue du narrateur, un point de vue interne et subjectif mais nous devons nous mettre à la place du narrateur. Les réactions du narrateur sont les mêmes que nous ressentons lorsque nous lisons cette nouvelle : les mêmes sensations, émotions et sentiments. Le narrateur se pose des questions et le lecteur aussi. C´est-à-dire, nous avons une relation bien étroite entre le narrateur et le lecteur. Nous pouvons dire que le narrateur nous représente. Nous hésitons grâce au fantastique présent dans la nouvelle.
Comme la nouvelle est brève, l´intrigue se centre sur un événement qui raconte une situation en particulier ou l´ensemble de la vie d´un personnage. L´organisation du récit doit obéir à cette exigence de brièveté. C´est pour cette même raison que l´auteur a recourt à différentes stratégies comme par exemple aux bouleversements chronologiques, le retour en arrière ou l´ellipse temporel.
Le fantastique c´est l´irruption du surnaturel dans le cadre de la vie réelle. Le dénouement d´une nouvelle fantastique met en valeur la chute du récit, qui se caractérise par sa brutalité et par son ambiguïté. En effet, nous ne savons pas si le surnaturel triomphe du réel car le doute est maintenu : c´est vrai ou ce n´est pas vrai ? Le fantastique naît de l´hésitation entre le rationnel et le surnaturel.
Le fantastique chez Maupassant est plus un reflet de ses propres angoisses que de son imagination. La peur, une menace, qui est un élément essentiel. Souvent, la nuit et la solitude (comme l´Anglais, un personnage solitaire) créent les conditions d´émergence du fantastique.
C´est une œuvre qui reflète la vision pessimiste de la vie d´après Maupassant. Nous avons les passages morbides, violents qui montrent ce pessimisme de la vie, et que l´être humain naturellement est violent, une violence qui a toujours été présente dans toutes les sociétés, cultures et époques.
Cependant, Maupassant, généralement, représente une violence psychologique et pas tellement physique, mais nous voyons que dans cette nouvelle c´est plutôt une violence physique. Le fantastique de Maupassant est bien particulier. Lorsque nous nous retrouvons face à une violence physique, nous rentrons dans la véritable cruauté et le véritable fantastique de Maupassant.
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Recepción: 121-09-17 Aceptación: 20-02-18